Le roman photo est un peu plus loin.
Certains voient dans ce lieu une "friche", une terre gaspillée, ou la naissance d'une "verrue" dans le village. D'autres yeux, avec une autre optique, ou qui se seraient approchés jusqu'à une porte ouverte peuvent voir dans ce terrain un lieu de vie et de biodiversité exceptionnelle.
Là où l'on peut voir une friche, on peut aussi voir une centaine d'arbres fruitiers en train de grandir, dont des variétés anciennes, accompagnés dans leur croissance par une végetation dense, spontanée souvent, ou semée à certains endroits (trèfle blanc et mélillo : des engrais verts, forts mellifères, dont les racines sont capables de traverser une semelle de labour).
Là où certains peuvent voir un gaspillage de nature, on peut aussi voir,
une productivité accrue, non par une dense monoculture,
mais par une polyculture dense et diversifiée
(mais chaque type de culture est clairsemé),
mélangée et associée , qui reproduit un système forestier,
avec ses différents étages (grands arbres, arbres, arbustes,
plantes grimpantes, rampantes, buissonneuses, ...).
On trouve ainsi dans un même verger des cerisiers, poiriers, pommiers, pêchers,
groseilliers, framboisiers, fraisiers, artichaux, melons, blettes, carottes...
C'est l'expérimentation la plus difficile pour Richard, car elle utilise
l'influence des arbres (encore jeunes et pas encore tous plantés) et des micro-climats, et demande d'y consacrer du temps.
On trouve encore dans les buttes de maraichage un maillage
de pêchers, de plantes mellifères et odorantes,
et une microfaune impressionnante.
Là où certains peuvent voir la construction d'une verrue, on peut surtout voir un projet de maison écologique en paille, économe, passive (bien isolée et profitant du soleil), intégrée dans le paysage, et indépendante de tout réseau (eau et électricité). Comme le projet général du Petit Colibri, cette maison est une expérience visant à répondre à cette question : "Peut-on installer un jeune agriculteur avec un investissement significativement moindre qu'actuellement en étant au maximum écologique ?"
Avec d'autres lunettes enfin, certains peuvent voir, tout pareillement dans les champs labourrés, laissés dénudés tout l'hiver, une terre gaspillée, une perte d'humus déplorable et un manque de sagesse et de respect pour les générations futures. Il suffit d'approcher quelques minutes les travaux du chercheur Claude Bourguignon pour comprendre qu'une terre labourrée s'érode facilement et perd sa microfaune et son humus. En 1980, il expliquait déjà que 90% de l'activité micro-biologique des sols français a été détruite. Le sol n'est pas un support pour les cultures, nécessitant de l'engrais, mais le sol, au contraire, contient 80% de la biomasse, ne nécessite aucun engrais ni aucun pesticide. Il ajoute dans une conférence "Le jour où on labourre, on arrête la production d'humus".
Certains paysans n'ont ni motoculteurs, ni tracteurs.
Ce n'est ni une mode, ni une abbération.
C'est une façon de cultiver avec la nature, issu du constat précédent.
Cette ferme est un terrain d'exploration de techniques de cultures innoventes
(pas de labour, pas de pesticides ni d'engrais).
Elle a le devoir de fleurir pour transmettre ses fruits.
MM.
Un accueil chaleureux. L'entrée est en train d'être réamménagée par une palissade en bambou.
Les grandes haies poussent, comme ici la haie Nord, et la butte ensoleillée profite aussi a divers plants de salades ou de choux.
Le verger-Poulailler vient d'être fauché et l'on peut donc apercevoir facilement les arbres fruitiers qu'aident à fertiliser les 33 poules.
Les poules - certaines ont disparues avec un renard, d'autres ont fait des petits, d'autres sont de nouvelles pensionnaires - ont de nouvelles caisses pour se percher
La tonnelle, qui abrite parfois les visiteurs est maintenant solidement fixée au sol par des poteaux (des vrais !) en bois.
Le système de récupération d'eau de pluie fonctionne à merveille
La pompe solaire, entre les averses de cette journée là, remonte l'eau des cuves enterrées vers ce "château d'eau".
J'ai craqué pour le camion, camouflé sous un branchage de banbou
Une étrange boule de paille... Il se cache certainement quelque plant dessous, je ne sais pas...
Je me suis dit en la voyant : "c'est un bouquet de paille" et il étincelait au soleil.
En observant maintenant la photo, je me demande si ce n'est pas une nouvelle espèce de hérisson...
Les limaces grignotent, c'est bien connu. Les escargots aussi.
Un joli "navet marteau" : les feuilles agées seulement sont grignotées, sans incident sur le beau légume.
Pourtant, cela ne veut pas forcément dire qu'ils grignotent tout, n'importe comment, tuant le plant, ni qu'ils n'ont pas de prédateurs.
Le retour...
Celle-ci vous la connaissez (carte blanche de mai 2007), elle était très sage depuis le printemps, mais elle est venue mi-septembre s'occuper sur quelques salades !
Rien de catastrophique toutefois et depuis, les salades ne sont plus victimes de ces gourmandes.
La salade...
Voilà un plan tout propre, et d'autres voisins, qui ont été planté aux côtés de ressemis spontanés de divers légumes
Richard a de plus trouvé un excellent prédateur de cette mignone limace que les hérissons et autres carabes semblent bouder : ses canards, de race "orpington" en raffolent !
Déjà abordé dans la carte blanche de décembre 2006, leur utilisation n'a pas eu une réussite à la hauteur du temps consacrée à l'expérience. Beaucoup avaient été mangé, peu ont pu germer.
Une nouvelle tentative est expérimenté en ce moment, avec une autre méthode, plus rapide, et espérons-le, plus fiable.
Sur une planche, un cadre (2/3 de l'épaisseur totale de la boulette). On étale de l'argile assez compact dedans (plus sec que dans les exemples en photo)
Il faut enlever l'argile de la face supérieure du cadre (j'ai pas fait, j'ai oublié !) et disposer dessus une planche cartonnée avec des trous (20*20 ici)
Puis ajouter la céréale au centre et balayer pour faire entrer le plus de grains possibles dans les trous.
Il faut ajouter manuellement les grains dans les trous vides
On enlève la plaque à trous puis l'on enfonce les grains à la truelle.
Un deuxième cadre est ajouté (1/3 d'épaisseur de la boulette). On remplit à nouveau d'argile.
Les cadres sont enlevés. La plaque à trous est appuyée sur la surface pour marquer l'endroit où sont enfouies les graines.
On fait sécher suffisamment, puis on découpe, puis on dispose sur le terrain. (1 boulette de blé tous les 50cm si semé très précocement (le 21 juin en théorie) pour le faire taller. A ce moment là, 1 plaque de 400 grains couvre 1 are).
Une expérience de semis direct à la volée se fait sur ce chemin de trèfle, à droite de la cordelette.