Projet Agricole

Préambule : il s'agit ici de réflexions personnelles souhaitant présenter succinctement les

raisons essentielles qui conduisent aujourd'hui mon choix d'agriculture. Cette présentation n'a
pas l'ambition d'être complète – Toute remarque sera la bienvenue.

1 – Introduction
2 – La Permaculture
3 – Système de vente
4 – Polyculture et pluriactivité
5 – Atouts des 9 hectares de MARSAC
6 – Quelques bémols
7 – Nos appuis

1 – Introduction

Si je crois pouvoir être agriculteur c'est parce que d'autres avant moi ont trouvé des
alternatives au modèle productiviste : Pierre Rabhi, Jean-Philippe et Pascale Boulay, Alain
Catherine, Bill Mollison, Hémilia Hazelip, Sepp et Veronica Holzer, ... Ils sont parvenus à des
solutions à la fois viables économiquement et socialement, tout en respectant la terre et ses
habitants.
Dans cette aventure je ne serai pas seul dans mon coin, cette aventure sera collective ! Je
compte bien profiter de l'expérience des autres et faire de la création de ma ferme un
terrain d'expériences à partager. D'autre part j'ai conscience de la force d'une création et d'une
entraide collective.
L'activité de maraîchage est parmi les plus exigeantes, en temps surtout (travail de la terre,
désherbage, récolte, vente, ...) et parce qu'elle est aussi beaucoup influencée par les conditions
météorologiques.
Depuis les années 70 est apparue une méthode qui, entre autre, libère l'agriculture
d'investissements lourds et de travaux pénibles tels le labour de la terre ou la gestion des
"mauvaises" herbes. Il s'agit de la Permaculture.

2 – La Permaculture


La permaculture n'est pas restreinte aux techniques agricoles.


La permaculture organise les rapports entre l'homme et son lieu de vie, sur les plans à la

fois agricole, habitat et énergétique. Elle cherche à intégrer de façon harmonieuse et durable
l'activité humaine dans l'écosystème naturel.

Elle apporte essentiellement une réflexion et des outils de travail sous forme de principes

de design. Elle permet d'aménager l'espace et notre mode de vie à partir des ressources
disponibles ( espace, eau, soleil, bois, végétation, savoirs-faire, etc. ) : les espaces agricoles ou
potagers, notre maison, notre village, notre quartier...

Par exemple, on cherche à faire le moins possible d'apports extérieurs et dans le même
temps à bien utiliser ce qui est créé sur le lieu. Pour cela on étudiera les interactions entre les
animaux, les plantes, les hommes, la pluie, etc., pour créer des coopérations positives : l'un produit
un déchet ( paille ) ou un effet ( vent, ombre ) profitable à un autre : paillage pour retenir
l'humidité des plantes et enrichir le sol, le vent pour produire de l'électricité, une plante offre de
l'ombre à une autre. Ces synergies permettent de recueillir un maximum de fruits pour un minimum
d'efforts !

Cette pratique, tout en s'inspirant du fonctionnement des écosystèmes naturels, combine

des savoir-faire anciens et des approches "modernes", pour obtenir un système de vie écologique
stable et autogéré, de fait économe, autonome, fertile et dynamique.

Concrètement, on commence par une observation approfondie du biotope, de la faune, de la

flore, ... ainsi que par le recueil des besoins présents et à venir des humains. Puis vient
l'agencement des zones de cultures/élevage et d'habitat/atelier en fonction des besoins,
ressources et possibilités. De là on définit les mécanismes naturels à créer ou comment devront
être sollicités ou orientés ceux existants. La recherche d'une moindre dépense énergétique et
financière aide à la viabilité écologique et économique du lieu.
Toutefois une grosse dépense énergétique peut être judicieuse. Par exemple pour construire
des terrasses afin de retenir l'eau de pluie sur les flans d'une montagne. C'est constructif pour
soi et pour des générations !

La permaculture développée par Bill Mollison et David Holgrem à la fin des années 70 a

depuis intégré différentes techniques dans différents domaines. En agriculture il peut s'agir de
l'agriculture "biologique" ou "biodynamique" ou "naturelle", etc. En Europe latine, l'une des plus
pratiquées est l'agriculture naturelle sans labour issue des travaux de Masanobu Fukuoka. Cette
agriculture commencée dès les années 30 se fonde sur quatre grands principes : - pas de labour
de la terre - pas d'apport d'engrais extérieurs - pas de pesticides - pas de sarclage.

                                                        Vidéos :

- Culture de la Terre en Synergie - association LAS ENCANTADAS
- Farming with Nature - ainsi que d'autres à http://www.ecofilm.de/inhalte/films.htm
ou en France association LA MAISON EN PAILLE 16290 Champmillon
http://www.lamaisonenpaille.com accueil@lamaisonenpaille.com

                                                        Livres en français :

- "Permaculture 1" et "Permaculture 2" - Bill Mollison
- "L'agriculture naturelle" et "La révolution d'un seul brin de paille" - Masanobu Fukuoka

Livres en anglais : http://www.permaculture.co.uk


                                                        Associations en France :

NES DE LA TERRE                                                LES PORTES NEUVES
Jimmy et Elsa                                                       Marc Thouvenin
info@nesdelaterre.com                                         Au village – 32300 LABÉJAN
www.nesdelaterre.com                                          permaculturelpn@free.fr
                                                                           www.permaculturelpn.org

LAS ENCANTADAS                                             ECO ' LOGIQUE
Kali de Keyser                                                      Steve Page
BP 12 – 11300 LIMOUX                                        Chez Forest – 87600 CHERONNAC

L'ESCAMPE

Anne Duchesne
La Hurellerie 72500 JUPILLES
escampe@free.fr


3 – Système de vente


La vente est un des aspects essentiels du projet agricole. Évidement elle conditionne

fortement la viabilité économique et par conséquent la recherche d'un environnement social sain.

Deux solutions ont été expérimentées avec succès dans le passé et sont reprises de nos

jours : « Vendre localement ce que l'on produit localement » et « Vendre en direct, sans
intermédiaire ».

** « Vendre localement ce que l'on produit localement ».

- réduction des coûts et des pollutions générés par les importations,
- participation par sa propre activité au dynamisme économique de sa région,
- connexion aux consommateurs qui souhaitent privilégier le terroir, le maintien d'une
économie locale, la transparence, la fraîcheur, ...

En plus de participer à la reconstruction du tissu économique, cela contribue aussi à la

reconstruction du tissu social.

Il est vain de croire qu'un produit importé moins cher que celui produit localement produit

une économie favorable à tous : la compétition des prix tire les conditions de travail et la qualité
des cultures vers des extrêmes pour les hommes et la terre qu'ils soient de France ou d'Espagne.
Nous vous recommandons vivement la vidéo «l'Eldorado de plastique » (1) sur les productions de
légumes sous serres au sud de l'Espagne qui inondent nos supermarchés.
    (1) Association « VOIR et AGIR » 119 rue Pierre Semard 93000 Bobigny 01.48.78.55.68
    voireagir@wanadoo.fr http://voiretagir.com - Nombreuses vidéos.

** « Vendre en direct, sans intermédiaire ». La vente directe en était réduite

essentiellement à la vente au marché. D'autres formes réapparaissent avec succès permettant de
nouveaux débouchés ; par exemple,

- la vente de paniers à domicile ( fait par MOIA : Module Optimisé d'Installation Agricole)

- ou pris sur un lieu de dépôt ( fait par le réseau "Les Paniers de Val de Loire" )
- la cueillette libre sur la ferme ( mis en place à Meaux en région parisienne )
- la vente directe au magasin de la ferme ( annuaire charentais des fermes le pratiquant )
- avec depuis quelques années d'autres formes collectives organisées : les AMAP,
Association pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne, regroupant des consommateurs et le ou
les producteurs dans une même association.

Pour le consommateur comme pour le producteur c'est la disparition des intermédiaires :

- réduction du prix d'achat pour l'un,
- augmentation du prix de vente pour l'autre,
- plus de transparence pour le consommateur, plus de fraîcheur, ...
- et aussi plus de relationnel autant pour le producteur que pour le consommateur !

Là aussi la vente directe participe au maintien (ou plutôt aujourd'hui à la reconstruction) du

tissu social et économique local.

Une troisième solution, combinaison des deux autres :

« vendre localement en direct ce que l'on produit localement » :

L'expérience des AMAP, réussies dans d'autres départements, vient de débuter fin 2004
en Charente ( initiée par la MAB 16 ). Par ailleurs l'expérience MOIA conduite depuis 10 ans dans
le cadre du CIEPAD par un couple d'agriculteurs, Alain et Danielle Catherine, s'est basée avec
succès sur ce mode de vente.

Un système de « paniers courts » : J'ai rencontré Alain Catherine et étudié les documents

de synthèse de son expérience. Leur choix a été de privilégier la vente directe par paniers livrés à
domicile par eux-mêmes. Le contenu du panier est constitué par l'agriculteur prioritairement avec
la production de la ferme, puis complété avec la production de maraîchers locaux et en dernier lieu
avec une centrale d'achat. Les clients s'abonnent pour un an avec quelques semaines prévues sans
livraison pour correspondre aux périodes de vacances par exemple.

Les synthèses sur le MOIA sont disponibles auprès d'Alain Catherine – Le Triol – Chemin

Pailhas – 34380 VIOLS LE FORT – acatherine@free.fr

4 – Polyculture et pluriactivité


Deux autres solutions pour une viabilité économique :

** la polyculture libère l'agriculteur de la dépendance d'une seule culture. Une culture
détruite ou non réussie ne laisse pas l'agriculteur dans l'impasse. Il a d'autres cultures à vendre.

La polyculture va de pair avec la permaculture car on utilise les synergies entre différentes

plantes pour créer un système stable et productif. Une bonne association de plantes permet :

- d'optimiser l'utilisation d'une parcelle sans destruction de la vie ou des réserves du sol

- de lutter contre les parasites
- de régénérer le sol en cultivant des plantes pour leur apport en éléments fertilisants.

Cultiver plusieurs plantes associé à d'autres productions telles les oeufs ou des produits

transformés ( huile, pain, ... ) permet aussi à un agriculteur d'avoir une proposition plus large
correspondant davantage au souhait de tout un chacun. Pour une vente en direct, la polyculture est
un atout ! Et la Permaculture un moyen.

**la pluriactivité consiste à pratiquer plusieurs métiers en parallèle.

L'expérience du MOIA est aussi axée sur la pluriactivité. Cela rentrait dans une recherche
d'autonomie et de stabilité économique. Alain Catherine est maraîcher ainsi que formateur en
agriculteur biologique. Il intervient dans des structures pour adultes. Il fait également un travail
d'entretien d'un sentier de découverte. Sa femme fabrique des fromages de chèvres fournis par
leurs trois chèvres. Elle accueille des groupes d'enfants pour des démonstrations. Par ailleurs elle
est comptable à temps partiel dans l'association CIEPAD.

Madeleine et moi avons débuté la pluriactivité. J'ai deux activités principales : le
développement personnel auprès d'enfants et d'adolescents et l'aide à domicile aux personnes
âgées. D'autres activités ponctuelles viennent se greffer. Madeleine est journaliste et masseur.

Le premier constat est, une fois la phase de mise en route passée, que cela m'a permis de

faire plus sereinement des activités pourtant non établies sur le long terme. Une difficulté du
travail avec les enfants est le temps passé avec eux : d'une heure à 8 mois ! De même le travail
auprès de personnes âgées peut être ponctuel.

Le second constat est une sécurité financière minimale me permettant d'atteindre mon

exigence d'un travail fait correctement. Je peux sereinement proposer à des adolescents
d'écourter ou de réduire le nombre de nos rencontres pour leur permettre d'expérimenter leur
autonomie.

Pour finir, ma pluriactivité m'a permis l'accès à plus de dynamisme, de liberté, de

créativité, d'autonomie et à une grande richesse relationnelle. Des conditions que je ne
trouvais personnellement pas réunies dans les milieux d'ingénieurs et d'enseignants.

Mais la pluriactivité n'est pas une recette miracle. Celle de l'un ne peut pas forcément

correspondre à un autre. Pour moi il était important de me dégager suffisamment de temps
« libre » à coté de mes activités rémunérées pour faire des formations, du bricolage, de
l'entraide, ... Alors j'ai intégré dans la réalisation de « ma » pluriactivité, la recherche de la
réduction de mes besoins monétaires : un loyer moins cher, fabriquer par moi-même ( pain, petits
gâteaux, réparation de ma voiture, ... ), cultiver mes légumes, prendre le vélo, acheter en direct
chez les producteurs, regarder ce dont je pouvais me passer, etc. Solutions auxquelles je n'avais
pas pensé avant.

Mais bien que ma démarche m'ait fait découvrir des richesses ( fabriquer son pain ! ), ces

mêmes choses peuvent être autant de contraintes pour d'autres. De la même façon il se peut tout
à fait que les richesses d'un autre soient pour moi totalement contraignantes !

La pluriactivité en tant que démarche dynamique engage l'ensemble de son être. De ce fait

elle est une démarche personnelle. Elle engage à se connaître soi-même.

5 – Atouts des 9 hectares de MARSAC


- Jean-Paul Seguin, agriculteur et viticulteur bio, nous vend une partie de ces terres. Il est

motivé par notre projet – c'est pour nous un soutien !

- au bord d'un des bras de la Charente, idéal pour l'irrigation et pour le développement

de la biodiversité : l'eau est l'un des éléments primordial de la vie ! De plus comme beaucoup de
terres en bord de cours d'eau, c'est une terre riche.

- en bio depuis 10 ans ! C'est un atout certain pour la mise en place des écosystèmes et

bien plus une chance ! Il y a très peu de surfaces bio en France !

- comporte déjà une partie sauvage marécageuse. Depuis quelques années une zone de 3

hectares environ est laissée à la nature. En un lieu particulièrement s'est développé un biotope
d'arbres, de petites mares, de roseaux et autres plantes. Le bord de Charente est aussi boisé. Ces
lieux sont aussi un très bon point de départ pour établir l'équilibre biologique sur les terres.

- 9 hectares d'un seul tenant. Très intéressant pour établir un design de ferme concentré,

permettant une structure plus efficace en terme de temps, d'énergie, de matériel, ... et
d'écosystème.

- dans un secteur économique porteur : environnement peuplé et proche d'Angoulême (15
Km). Une autre chance si proche d'Angoulême.

- à 400 m du village. Pour nous il était important d'avoir la proximité d'un village.


- proche de deux autres jeunes agriculteurs bio : M. Shanmugan, maraîcher bio et

Olivier Seguin, viticulteur bio, tous deux démarrant ou reprenant une activité. Nous nous sommes
rencontrés. Notre proximité et nos aspirations communes notamment dans l'écologie et la
solidarité peuvent être des atouts pour chacun, voire la possibilité de projets communs et de
soutien !

La concurrence entre M. Shanmugan et moi ne devrait pas exister. Nous ne nous adressons
pas à la même clientèle. Lui vend au marché et en AMAP et moi essentiellement en livraison à
domicile. Et notre proximité semble plutôt une chance pour s'entraider et se compléter dans nos
productions. Si toutefois nous en venions à partager une même activité, je pense que le secteur
économique autour de Marsac offre des possibilités de par la proximité avec Angoulême (15Km) et
un secteur bien peuplé dans les 10Km aux alentours. D'autres part je ne souhaite pas viser un
grand nombre de clients en maraîchage mais diversifier mes activités et donc ma clientèle.

6 – Quelques bémols


** La permaculture c'est prendre le risque d'une agriculture encore faiblement développée

en France même si elle l'est plus à l'étranger.
C'est aussi un pari à gagner sur le long terme car la mise en place des synergies demande de
l'observation et de la patience.

** vendre localement en direct ce que l'on produit localement, c'est prendre le risque de
la relation avec l'autre ! C'est aussi l'exigence de la transparence imposée par la proximité entre
le consommateur et le producteur.

** La polyculture cela peut être la lourdeur de l'acquisition de matériels différents,
l'impératif de réussite dans plusieurs cultures, un apprentissage plus difficile que pour une seule
culture, et un emploi du temps à gérer ...

** La pluriactivité peut être déroutante et éprouvante puisqu'il s'agit de faire différentes

activités. C'est une gymnastique de l'esprit qui demande un bon sens de l'organisation et de la
gestion tout en développant des compétences différentes. Cela peut aussi être des remises en
cause personnelles difficiles lorsqu'il s'agit de retrouver une activité.

** Le terrain de MARSAC n'est pas viabilisé. L'électrification ne pose pas de problème

puisqu'elle est prise en charge à 100% pour les agriculteurs. En revanche l'eau n'est prise en
charge que sur les 50 premiers mètres. Le reste est à notre charge.

7 – Nos appuis

- M. CONSTANTIN, responsable foncier à la CHAMBRE D'AGRICULTURE d'Angoulême
- Samuel NEAU, aide à l'installation de petites exploitations, CHAMBRE D'AGRICULTURE
de Chalais
- Sylvie MASSACRÉ, responsable Sud Charente à la SAFER ( Société d'Aménagement
Foncier et d'Établissement Rural )
- Angélique CHASSELOUP, aide à la diversification, DDAF Angoulême ( Direction
Départementale de l'Agriculture et de la Forêt )
- Stéphanie Gazeau, MAB16 ( Maison de l'Agriculture Biologique de Charente )
- Virginie LEMANIER, service agriculture, CONSEIL REGIONAL Poitou-Charentes
- Eric BOISSONNEAU, CONFEDERATION PAYSANNE de Charente

ainsi que :

- Thierry LACROIX, Direction Technique - Pôle Qualité Certification au CSTB ( Centre
Scientifique et Technique du Bâtiment )
- Diane BOULEAU, association HQE ( Haute Qualité Environnementale )
- Christian BELGUIRAL, DDJS d'Angoulême ( Direction Départementale de la Jeunesse et
des Sports )

dans les agriculteurs :

- Samuel GOIN (céréales bio, chèvres, moutons), Pascale et Jean Philippe BOULAY (vigne,
pain, huile bio), M. SEGUIN et son fils Olivier (vigne, céréales bio), M. Shanmugan (légumes et
fruits bio), Laurence et Jean-Pierre Gaillard (oeufs et céréales), ...

et aussi :

Dans le domaine associatif écologique les appuis sont nombreux : MER 17, LA MAISON EN
PAILLE, EAU VIVANTE, APIC 16, ... la liste est longue.

Dans le domaine privé vous êtes encore plus nombreux !